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[Paul]

Armée Insurrectionnelle Ukrainienne (Ukrainska povstanska armiia – UPA) : Mythes, vérité et réconciliation. (Article paru en 2005)

Soixante ans après la capitulation allemande de 1945 et la fin de la guerre en Europe, le rôle de l’Organisation des Ukrainiens Nationalistes (Orhanizatsiia ukrainskych natsionalistiv – OUN) et de l’Armée Insurrectionnelle Ukrainienne n’a pas encore été clairement mis en lumière, et toutes les questions à son sujet demeurent dans une grande mesure affaire de controverse dans la société ukrainienne. Les vétérans de l’Armée Rouge refusent en masse de reconnaître le statut d’égalité avec leurs membres qui bénéficieront des mêmes avantages qu’eux. L’entreprise de réconciliation sera-t-elle menée à bien ? La vérité et la justice seront-elles établies et le pardon mutuel finalement accordé ?

Des historiens ukrainiens, membres de la commission gouvernementale qui a été chargée d’étudier les activités de l’OUN-UPA pendant et après la guerre, ont tenus une conférence de presse à Kyiv le 14 avril 2005. La commission, dirigée par le Professeur Stanislav Kukchytsky, a travaillé en collaboration avec l’Institut d’Histoire de l’Ukraine de l’Académie des Sciences Ukrainienne. De 1998 et 2004, les membres de la commission ont publié 28 études, documents et récits de souvenirs en relation avec l’OUN-UPA. Dans les années 1990, les conclusions de la commission ont été mises à la disposition du, alors, Président de l’Ukraine, de la Verkhovna Rada, du gouvernement et du cabinet du ministre de la Justice.

D’après les membres de la commission, il était grand temps que la pleine vérité sur les combats de l’OUN-UPA pour l’indépendance de l’Ukraine et contre l’occupation nazie soit enfin connue et largement rendue publique. A l’époque soviétique, ce qui concernait l’OUN-UPA ainsi que son rôle, était dénaturé, déformé ou gardé secret. Banderivets (membres et sympathisants de Stepan Bandera, un des chefs de l’OUN), était une étiquette insultante et dans certaines régions de l’Ukraine, est encore utilisé dans un sens péjoratif. Les survivants de l’OUN-UPA étaient traqués, persécutés, arrêtés, poursuivis en justice et emprisonnés ou exécutés. Toute association qui leur apportait une aide, sous quelque forme que ce soit, ou qui parlait en faveur de l’OUN-UPA ou de ses activités étaient taxée de « anti-soviétique » et il pouvait facilement en résulter des arrestations et des séjours au Gulag. Une propagande soviétique massive calomniait, diffamait et salissait l’OUN-UPA, et le KGB surveillait ceux qui avaient été membre ou avaient soutenu la Rébellion de quelle que manière que ce soit, même verbalement. Le résultat d’une telle politique soviétique se fait encore sentir aujourd’hui.

Yuri Shapoval, un éminent historien, déclare en décrivant la politique répressive conduite par Moscou contre l’OUN-UPA en Ukraine : « Des dizaines de milliers de personnes, puis des milliers, des centaines, des dizaines et finalement des individus isolés de ce côté du Rideau de Fer ont combattu au cours de la période 1945-1955 contre les occupants [soviétiques], luttant héroïquement pour l’indépendance de l’Ukraine ». Mais comme un vieil adage le dit, « l’Histoire est faite avec du sang mais est écrite avec de l’encre ». L’historiographie officielle soviétique remplaça l’approche scientifique des études historiques par « la conformité avec la ligne du parti communiste », créant ainsi beaucoup de mythes sur la Seconde Guerre Mondiale, taisant les nombreux évènements contraires à la ligne politique soviétique ou présentant des aberrations comme autant de faits réels.

L’Ukraine, pays indépendant depuis quinze ans maintenant, devrait encourager des études impartiales et scientifiques, libérées des mythes politisés et trop bien ancrés, qui révèleraient sincèrement le phénomène de l’OUN-UPA de même que son rôle dans l’histoire de l’Europe et de l’Ukraine de l’entre-deux-guerres ainsi que pendant et après la seconde guerre mondiale. Il y a assez de documents et d’autres évidences pour dresser un tableau d’ensemble. L’histoire de l’OUN-UPA n’est pas exempte de pages sombres et aussi de crimes mais il furent démesurément grossis par la propagande soviétique dont les campagnes de calomnies et leurs répercutions persistantes n’ont pas été correctement analysées. En contrepartie, on a trop souvent escamoté les dizaines de milliers de cas de persécutions, d’arrestations et d’exécutions de membres de l’OUN-UPA et de leurs familles, ainsi que d’autres crimes du régime communiste. D’après les informations occultées pendant de nombreuses années dans les archives soviétiques, au cours de la période allant de février 1944 à mai 1946, environ 111.000 combattants et sympathisants de l’UPA furent tués, 250.000 furent arrêtés et emprisonnés et 203.000 furent déportés hors d’Ukraine et placés dans les camps du Gulag. A la même époque, environ 14.000 militaires soviétiques et membres de détachements punitifs tombèrent lors d’engagements contre l’UPA. Ces chiffres qui ne concernent qu’un intervalle de temps de quelques mois dans l’histoire de l’OUN-UPA, montrent clairement quel camp souffrit le plus de pertes.

Le chemin de la réconciliation, du pardon et de la compréhension est long mais il faut le suivre pour le bien de la vérité et de l’entente mutuelle. Bien que le désir d’une telle réconciliation soit clairement perçu par le nouveau gouvernement, le président et de larges couches de la population, atteindre cet objectif ne sera pas chose aisée. Les combattants survivants de l’UPA n’ont pas été officiellement reconnus comme anciens combattants ; ils ne sont pas protégés par les lois, et ne bénéficient d’aucune allocation sociale.

Cette année (2005), alors que ce pays célèbre le 60e anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie, un hommage doit être rendu à tous ceux qui ont combattu contre les nazis, à ceux qui sont morts en combattant et à ceux qui survécurent, avec le respect qu’on leur doit et un hommage à rendre à la fois aux combattants de l’Armée Rouge et à ceux de l’UPA. Personne ne cherche à diminuer le rôle et le courage de l’Armée Rouge dans la victoire sur le nazisme – plus le temps passe, et plus l’héroïsme et la résistance sont exaltés et reconnus. En même temps, respect et hommage sont également dus aux vétérans de l’UPA qui, comme participant de la lutte pour la libération, ont combattu pour l’indépendance de l’Ukraine.


Un livre présentant le rapport détaillé sur les travaux de la Commission, a été publié à Kyiv en 2004 : Problemy OUN-UPA. Zvit robochoyi hrupy istorykiv pry Uryadoviy komisiyi z vyvchennya diyalnosti OUN-UPA (Questions sur l’OUN-UPA. Rapport de travail du groupe d’historiens de la commission gouvernementale pour l’étude des activités de l’OUN-UPA)

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[Mich]

"Entre Hitler et Staline", un interessant reportage en ukrainien d'environ une heure sur la situation de l'Ukraine pendant la Seconde Guerre mondiale, et bien sûr la lutte pour l'indépendance du pays:
http://video.google.fr/videoplay?docid=-7980748912627698204

[Paul]

Bonsoir Mich,

J'ai regardé mais à ma grande honte je n'ai pu profiter du texte.

Quelqu'un peut-il donner son avis ?

Toujours sur Google, un reportage sur l'OUN-UPA d'environ un quart d'heure (Une courte chronique sur l'UPA)

http://video.google.fr/videoplay?docid=4893852054521159576

Egalement en ukrainien.

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[Paul]

OUN/UPA - 1943 - 1944 - entre Staline et Hitler