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Paul
Inscrit le: 20 Jan 2007 Messages: 685 Localisation: frontière belgo-franco-lux
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Posté le: Dim Jan 10, 2010 1:07 pm Sujet du message: Une analyse en prélude aux élections présidentielles |
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La Fin de l’Orange
Une seule chose est sûre dans l'élection en Ukraine: le vainqueur ne sera pas la Russie, peu importe ce qu'on en dit.
By Owen Matthews and Anna Nemtsova | NEWSWEEK [traduction]
Published Jan 9, 2010
Personne ne peut dire avec certitude qui va gagner l'élection présidentielle en Ukraine à la fin de ce mois. Mais une chose est sûre: la Russie ne pourra pas se déclarer vainqueur.
Depuis que la Révolution Orange de 2004 a amené des centaines de milliers de personnes dans les rues de Kiev pour renverser le résultat du dernier vote truqué des présidentielles en Ukraine, la Russie n’a cessé d’être démangé par un sentiment de revanche. Pour Vladimir Putin, qui vit son favori évincé au profit d'une coalition pro-démocrate qui, de plus, promettait de faire entrer l'Ukraine dans l'Otan et l'UE, c’était le «pire revers stratégique" de sa présidence, selon le biographe de Poutine Andrei Kolesnikov. La Russie a passé les cinq années écoulées veillant à ce qu'aucune révolution ne puisse avoir lieu dans sa propre « maison » et à ce que la coalition orange en Ukraine soit un échec. Ces efforts, portant sur les problèmes du coût de l’énergie et sur les manières d’attiser le séparatisme des 20 pour cent de l'Ukraine à minorité russe, ont été mis en œuvre d’une manière ravageuse, aidé en cela par la cupidité et la myopie des politiciens ukrainiens. Viktor Yuchtchenko, le président ukrainien, trébuche maintenant avec un taux d'approbation à moins de deux chiffres, tandis que Viktor Yanukovych, le candidat soutenu par Moscou, évincé en 2004, conduit les sondages.
Mais alors que la victoire de Ianoukovitch pourrait ressembler à une grande victoire pour Moscou, rien n’est moins sur à première vue. À bien des égards, il n’est plus autant l’homme de Moscou que l’on pourrait croire. L'Ukraine a changé si profondément que personne ne pourrait plus la vassaliser à la Russie contre sa volonté. Les méthodes « Orange » d’"ukrainisation", comme l'interdiction du russe à la télévision nationale et pour les examens d'entrée à l'université, ont effectivement créé une nouvelle conscience nationale distincte de celle de son voisin. Et l'expérience vécue a donné conscience aux Ukrainiens qu’ils ont maintenant le droit et le pouvoir de participer directement à la vie politique, même s’ils ont utilisé ce droit la plupart du temps pour marquer leur déception envers les politiciens « Oranges ». Le véritable vainqueur du scrutin à venir, ne sera donc ni la Russie ni les États-Unis, mais l'Ukraine elle-même.
Le changement radical d'attitude de l'Ukraine peut se faire sentir dans tout l’éventail politique. Le rival le plus proche de Viktor Ianoukovitch est le Premier ministre, Yulia Tymochenko. Un des principaux chefs de la Révolution orange, elle s’est rapidement heurtée à Iouchtchenko. Pourtant, ses partisans sont prompts à souligner ses actions anti-russe. "La révolution orange a extirpé les dernières marques de l’autoritarismes soviétique dans notre pays", a déclaré Sergei Teryokhin, un ancien ministre de l'Economie et député du bloc Timochenko. Même le chef du parti de M. Ianoukovitch au Parlement, Mikhail Chechetov, fait écho à de tels propos. "Le processus de démocratisation que nous avons traversé est irréversible», dit-il.
L'indicateur le plus objectif de ce que fera M. Ianoukovitch s'il est élu, c'est le souvenir de son bref passage comme premier ministre l'an dernier. Il n'a pas été tenté de tendre une main amicale vers la Russie, comme par exemple de proposer une zone de coopération économique et de donner des facilités aux sociétés russes pour l’acquisition de morceaux de l'industrie lourde ukrainienne. Il y avait aussi des signes compensateurs. Ianoukovitch n'a jamais contesté certaines des innovations d'Orange les plus controversées, telles que l'interdiction du russe à la télévision. Et aucune de ses mesures pro-Moscou n’ont été transformées en lois. De plus, même en cas de victoire, son parti ne contrôlera qu’une minorité de députés à la Rada et il sera obligé de s’en remettre aux compromis pour assurer une bonne gouvernance.
Moscou ne pourra s’en prendre qu’à elle-même. La Russie s'est efforcée de retrouver son influence perdue sur son ancien empire en utilisant des tactiques brutales qui vont de l'invasion pure et simple (en Géorgie) à la mise en place de camps d'été visant à attiser la conscience ethnique russe dans la province ukrainienne de Crimée. Mais la lutte de Moscou pour qu’on lui reconnaisse une certaine « considération » a probablement aliéné plus de gens qu’elle n’en a gagné. La Géorgie, par exemple, reste implacablement anti-russe, et les relations de Moscou avec son ancien allié proche, le Belarus, se sont détériorées au point que Minsk a récemment menacé de couper l'électricité dans l'enclave russe de Kaliningrad. Le Turkménistan l'année dernière a mis fin au monopole de la Russie sur l'approvisionnement en gaz d'Asie centrale en ouvrant un accès direct à la Chine et le Kazakhstan a récemment ouvert un oléoduc similaire.
Quant à l'Ukraine, elle reste profondément divisée sur des questions clés comme le soutien à la Géorgie et l'expulsion de la Flotte russe de la mer Noire basée à Sévastopol en Crimée. Certains sondages montrent que la bonne volonté envers la Russie a même augmenté. Mais le nombre d'Ukrainiens qui se considèrent comme «européens» a également augmenté, atteignant près de deux tiers de la population, et le nombre de ceux qui selanguissent de la belle époque soviétique, a chuté à 12 pour cent.
Cela ne signifie pas que l'élection à venir sera une victoire éclatante de la démocratie. Une enquête récente du Pew Research Center dont le siège se trouve à Washington a conclu que les Ukrainiens ont été parmi les citoyens les plus amers parmi les pays ex-communistes. Seulement 30 pour cent ont dit qu'ils approuvent le changement vers la démocratie, et seulement 36 pour cent ont exprimé l'approbation du passage au capitalisme.
La perte d’influence de la Russie ne se traduit donc pas par une victoire pour les États-Unis. La vraie leçon de ces cinq dernières années, c'est que quiconque tentera de gouverner le pays sans tenir compte de ses intérêts politiques propres aura rapidement des problèmes. S’appuyer trop loin vers l'Est – sur les russophones et sur les sympathisants du bassin du Donetsk ne fonctionne pas, comme les actions de M. Ianoukovitch l’on prouvé. Mais, l’inclination trop forte vers l’Ouest de Iouchtchenko ne fonctionne pas davantage.
Les Ukrainiens veulent une approche équilibrée. Alors que des Ukrainiens proclament se sentir plus occidentaux, l'appui à l'adhésion à l'OTAN, malgré le plaidoyer enthousiaste de M. Iouchtchenko, n'a jamais dépassé 30 pour cent. Iouchtchenko a également payé le coût des épreuves de force avec la Russie. Les guerres du gaz successives qui ont eu lieu au cours de son mandat ont permit de démontrer à quel point Moscou pouvait être dangereux. Celle du début de l’année 2009 lui a même aliéné nombre de pays européens lorsque l’approvisionnement en gaz vers ces pays fut coupé. Les meilleures chances pour que l'Ukraine puisse jouir de la prospérité et de la sécurité réside dans l'entente avec les deux parties. Les changements favorables de la politique des USA et de l’UE envers la Russie incitent à prendre en compte cette alternative, sauf à se retrouver seul.
Ainsi, alors M. Iouchtchenko est susceptible d'être écrasés lors du vote à venir, sa Révolution orange a réussi sur un plan essentiel : le recentrage des valeurs des Ukrainiens. «Nous avons apporté les valeurs européennes à une génération entière », explique Teryokhin. "Même les gens de mon âge ont changé." L’expression des frustrations des Ukrainiens envers le capitalisme, la démocratie, et la plupart des politiciens est en fait un important indicateur positif d’une espérance accrue opposée à la passivité. Aujourd'hui, de nombreux standard de vie en Ukraine sont aussi sombres qu’en Russie. Pourtant, selon les sondages, près des deux tiers des Russes sont satisfaits de leur sort, tandis que les Ukrainiens espèrent manifestement quelque chose de mieux. Ajoutez à cela le fait que plus de 60 pour cent des Ukrainiens espèrent un jour rejoindre l'Europe et ne plus regarder vers la Russie pour obtenir soutien et protection.
Ce n'est pas un mal comme héritage pour une révolution qui a échoué !
http://www.newsweek.com/id/229964 |
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Mme Pimousse
Inscrit le: 10 Jan 2007 Messages: 1930 Localisation: Limay
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Posté le: Dim Jan 10, 2010 2:43 pm Sujet du message: Re: Une analyse en prélude aux élections présidentielles |
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Paul a écrit: | La Fin de l’Orange
Une seule chose est sûre dans l'élection en Ukraine: le vainqueur ne sera pas la Russie, peu importe ce qu'on en dit.
By Owen Matthews and Anna Nemtsova | NEWSWEEK [traduction]
Published Jan 9, 2010
Les méthodes « Orange » d’"ukrainisation", comme l'interdiction du russe à la télévision nationale et pour les examens d'entrée à l'université, ont effectivement créé une nouvelle conscience nationale distincte de celle de son voisin.
http://www.newsweek.com/id/229964 |
Paul, merci pour cette traduction.
néanmoins, je pense que les auteurs ne connaissent que superficiellement (ou de l'extérieur) leur sujet. l'"interdiction" linguistique ne pouvait que provoquer le rejet d'une partie de population se revendiquant russophone et non réveiller la "nouvelle conscience nationale", à mon avis. même si ce réveil a eu bien lieu au moment et après la révolution Orange.
A noter, un des auteurs de l'article, Anna Nemtsova, me semble-t-il être la fille de Borys Nemtsov, ancien gouverneur de Nijniy Novgorod, ancien premier ministre russe, (ancien?) conseiller de Viktor Youchtchenko à l'issue des élections 2004. |
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Stefciu
Inscrit le: 06 Fév 2007 Messages: 36 Localisation: Europe
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Posté le: Dim Jan 10, 2010 3:13 pm Sujet du message: |
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Je trouve que cet article est bien fait. Je suis d'accord aussi sur le fait que petit à petit, il y a une évolution de la société. Bien sûr, il y a toujours de temps en temps des petits retours en arrière, mais il me semble qu'une page est actuellement en train de se tourner et que l'Ukraine va évoluer plus vite que l'UE |
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RomanoV
Inscrit le: 26 Nov 2008 Messages: 248 Localisation: France
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Posté le: Dim Jan 10, 2010 6:35 pm Sujet du message: |
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Je vois Victor Ianoukovitch largement vainqueur, il va sûrement faire comme Loukachenko tourner le dos progressivement à la Russie et se tourner vers l'UE.
On est pas près de revoir l'autre drogué fou de président de la Géorgie dans les parages. _________________ Pour que l'Ukraine intègre l'UE // Щоб Україна увійшла в ЄС |
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Paul
Inscrit le: 20 Jan 2007 Messages: 685 Localisation: frontière belgo-franco-lux
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Posté le: Dim Jan 10, 2010 7:06 pm Sujet du message: |
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RomanoV a écrit: | Je vois Victor Ianoukovitch largement vainqueur, il va sûrement faire comme Loukachenko tourner le dos progressivement à la Russie et se tourner vers l'UE. |
Si Ianoukovitch peut être comparé à Loukachenko, l'Ukraine est mal barrée !!!
Je préfère penser qu'il sera un autre Kwasniewski, président polonais issus de l'ex-parti communiste, mais qui remplit honorablement et loyalement ses fonctions. Celui-ci a gagné en respectabilité ce que son propre parti a perdu en crédibilité.
L'important est que le futur président ne pourra pas compter avec une majorité à la Rada. Il devra composer et faire des compromis pour gouverner.
Ceux qui espèrent un revirement à 180° de la politique actuelle en seront pour leurs frais.
Le système politique ukrainien est mixte : présidentiel ET parlementaire. Un seul homme ne peut imposer ses vues (voir Iouchtchenko).
Il ne faut pas juger trop vite le toujours actuel président. N'oublions pas qu'il n'a pu compter sur aucune majorité parlementaire au cours des cinq dernières années. Comment dès lors faire passer son programme et traduire par des lois ses orientations pro-occidentales face à des députés plus préoccupés de lui mettre des bâtons dans les roues que de gouverner véritablement le pays.
J'espère que le prochain président, quel qu'il soit, aura suffisemment d'habileté pour surmonter ces difficultés pour le bien de l'Ukraine. |
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Paul
Inscrit le: 20 Jan 2007 Messages: 685 Localisation: frontière belgo-franco-lux
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Posté le: Lun Jan 11, 2010 5:10 pm Sujet du message: Ukraine : Présidentielle du janvier 2010 (Analyse) |
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Election présidentielle en Ukraine du 17 janvier 2010
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Corinne Deloy
Mathilde Goanec et Camille Magnard
http://www.robert-schuman.eu/oee.php?num=612
- Viktor Iouchtchenko, le champion pro-occidental devenu paria
- Viktor Ianoukovitch, grand favori
- Ioulia Timochenko, l'émancipation
- Les autres candidats
- Une campagne électorale sans passion
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Bohoun
Inscrit le: 31 Déc 2006 Messages: 50
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Posté le: Lun Jan 11, 2010 8:50 pm Sujet du message: Elections satisfactions et deceptions |
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Parler de fin de mandat presidentiel c est inevitablement faire l'inventaire des années ecoulées.
S'agissant du bilan democratique il ne peut etre nié que la Revolution orange a fait progresser la Democratie et preservé l'Ukraine d'une derive autoritaire.
Sur le plan economique et social, il est clair que l'Ukraine est en plein marasme et la crise n'est pas la seule raison de cette situation.
En ce qui concerne les relations internationales, l'Ukraine a été preservée de conflit armé, ce n'est pas si anodin dans l'Espace post sovietique et c'est à mettre au credit de l'actuel chef de l'Etat. Par ailleurs si l'Ukraine a pu obtenir l'organisation de l Euro 2012 c'est aussi parce qu elle beneficie d'une image favorable aupres des dirigeants internationaux. Cela prouve qu'elle n'est pas ostracisée comme la Bielorussie
Enfin pour ce qui concerne le rapprochement europeen, il a connu un coup d'arret certain, mais la marche vers l UE n'est pas un fleuve tranquille. Le refus d'aujourd hui ne saurait etre definitif. Qui aurait dit il y a 10 ans que la Serbie serait un jour en mesure d'entrer dans l'Union ? |
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