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[Paul]

Ce 25 février, le Parlement européen a voté une résolution dont l'article 20 pose question.

Est-ce de son ressort ou s'agit-il de plaire au nouveau Président ukrainiens et à ses partisans ?

http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?type=TA&reference=P7-TA-2010-0035&language=FR&ring=P7-RC-2010-0116

§20. regrette vivement la décision du président ukrainien sortant, Victor Iouchtchenko, d'accorder à titre posthume à Stepan Bandera, chef de l'organisation nationaliste ukrainienne OUN qui collabora avec l'Allemagne national-socialiste, le titre de "héros national de l'Ukraine"; espère, à cet égard, que la nouvelle équipe dirigeante en Ukraine reconsidérera ce genre de décision et confirmera son engagement en faveur des valeurs européennes;

[Le titre de « héros national de l’Ukraine » fut attribué à Stepan Bandera le 22 janvier 2010 dernier par le Président Youchtchenko.]


Le problème est qu'il n'existe aucune condamnation d'un tribunal contre Stepan Bandera faisant suite à des accusation de collaboration ... sauf devant le Tribunal de Nuremberg et à l'initiative de l'URSS qui voyait en lui, et avec raison, un adversaire redoutable.

Pour rappel, à cette époque, l'Ukraine occidentale sous l'égide de l'OUN-UPA de Bandera, étaient en pleine rébellion armée contre les soviétiques. Plus de 100.000 combattants et sympathisants avaient déjà été exécutés par les organes de sécurités communistes.

Stepan Bandera fut assassiné le 15 octobre 1959 à Munich par un agent du KGB sur ordre du gouvernement soviétique (dont Krouchtchev), d'après les conclusions de la Cour Suprême allemande.

L'élévation au titre de "héros national de l'Ukraine" avait soulevé nombre de protestations de la part des dirigeants russes, du parti communiste ukrainien ainsi que dans la moitié est de l'Ukraine.

[Paul]

Pour compléter.

C'est étonnant que le Parlement européen condamne une personne pour avoir entretenu des rapports avec l'Allemagne nazie jusqu'en 1941, année de son incarcération par ces mêmes nazi (c'est tout de même en contradiction avec de supposées accointances idéologiques).
Ceci ne signifie pas que Stepan Bandera était lui-même nazi, ce qu'il n'a jamais revendiqué pas plus que ses partisans, dans la mesure où il voulait se servir de l'Allemagne, ce qui est discutable, pour obtenir l'indépendance de l'Ukraine.

A ma connaissance, le Parlement européen n'a jamais condamné nominalement Hitler, un autrichien/allemand ni son peuple, pas plus que Mussolini et les Italiens, pas plus que Franco et les Espagnols, Pétain et les Français ou Chamberlain (celui de l'Appeasement et des relation économiques suivies) et les Britanniques. On ne peut évidemment oublier Staline et les soviétiques qui envahirent militairement la Pologne aux côtés des nazis en 1939 liés qu'ils étaient par un pacte secret qui en faisait des alliés patentés et des collaborateurs des nazis jusqu'en 1941 lorsqu'il permirent d'autres attaques contre l'Europe occidentale grâce aux fournitures stratégiques (pétrole, métaux rares, nourriture ...) qui permirent à la machine de guerre nazie de continuer à fonctionner.
On peut aussi ajouter les dirigeants et les peuples de Slovaquie, de Roumanie, des Pays-Bas, des États Baltes .... qui tous collaborèrent peu ou prou avec le régime nazi dès avant et au cours du deuxième conflit mondial ... y compris dans les mesures raciales. Faut-il aussi parler de la Suède et de sa neutralité bienveillante qui permettait le passage sur son territoire de troupes nazies et de matériel de guerre destinés à appuyer la Finlande et renforcer son front.

En résumé, tous les pays d'Europe collaborèrent avec les nazis des manières les plus diverses et surtout avec l'accord de leurs dirigeants.
Deux pays n'ont pas eu de gouvernement collaborateurs : la Pologne et l'Ukraine. Personne ne se présenta pour ces fonctions, sinon des personnalités qui ne représentaient qu'eux-même mais aussi, les nazis ne pouvaient s'associer avec des Untermenschen !

Étonnant, donc, cette immixtion du Parlement européen (unique ? car il ne semble pas y avoir de précédents pour les pays de l'UE et hors UE) dans les affaires intérieures ukrainienne et qui consiste à épingler une personnalité même si elle est controversée dans son pays.
On voudrait faire plaisir au nouveau président ukrainien et à ses soutiens russes (qu'il ne faut surtout pas mécontenter "au nom de l'équilibre européen" et des sacro-saintes fournitures de gaz) qu'on n'agirait pas autrement.

[slava]

Cher Paul
Quel magnifique sujet de débat !
Merci pour cette terrible information!
cordialement

[Mme Pimousse]

wow!
surprenant

[Paul]

Seul les ukrainophones pourront en profiter pleinement.

Voir cette vidéo qui est passée sur la chaine nationale ukrainienne TV Channel 1

Cliquer sur ce lien : http://1tv.com.ua/video/doc/index.php?id=ts

.

[Paul]

... et la réaction n'a pas tardé : http://www.itar-tass.com/eng/level2.html?NewsID=14892391&PageNum=0


Le président Yanoukovytch a déclaré ce vendredi 5 mars à Moscou qu'il envisage de retirer le titre de Héros de l'Ukraine à Stepan Bandera, titre accordé au début de cette année par son prédécesseur.

"La décision (de Youchtchenko) a certainement causé d'importantes réactions. Elle n'est acceptée ni en Ukraine ni en Europe. Même le Parlement de l'UE a réagi à cette décision".

"Il y a une procédure légale et l'Ukraine est en train de la mettre en oeuvre. Il y a aussi un processus politique. Je crois que la décision sera prise avant le Jour de la Victoire (9 mai)"

Dans la résolution du Parlement européen, on trouvait un article (voir ci-dessus) qui souhaitait la révision de l'attribution du titre de Héros de l'Ukraine à Stepan Bandera. Yanoukovytch avait promis à Bruxelles qu'il allait faire le nécessaire.

[Mme Pimousse]

Il y a 6 ans le groupe Tartak a déjà écrit une chanson sur ce sujet - "Ya ne khochu" (je ne veux pas être Héros d'Ukraine, mon pays n'a pas d'estime pour ses héros)
http://www.tartak.com.ua/klipy/ja-ne-xochu.phtml
le clip est de l'époque

[IVANO]

Le substrat memoriel ukrainien est comme une pate à modeler que les politiques pensent maitriser.

Mais en definitive, nul ne sait ce que l'inconscient collectif voudra bien retenir car la memoire des peuples et la memoire institutionnelle sont deux realites differentes.