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[Paul]

100 jours : Yanoukovych n'a toujours pas tenu ses promesses

| Taras Kuzio : http://www.kyivpost.com/news/opinion/op_ed/detail/68467/


* La mise en place de la coalition de soutient au président Viktor Yanoukovytch fut un "tour de la force."

Ou, fut-elle la conséquence d’une infraction à la Constitution et un des résultats de la corruption politique que le Razumkov Center, le premier laboratoire d'idées d'Ukraine, considère comme la plus grande menace pour la démocratie en Ukraine ?


* Allusion au "programme culturel et linguistique, source de divisions, et qui est poursuivi par ‘quelques uns’ dans le gouvernement actuel."

Cette politique n'est pas seulement l’œuvre de ‘quelques’ membres du cabinet, mais occupe une place centrale dans l'identité idéologique du Parti des Régions et dans l’administration de Yanoukovytch. Il n'y a pas d’autres explications à la reprise des accusations pour « crime de nationalisme » utilisées couramment à l’époque soviétique. Dans un article récent de Ukrayinska Pravda qui rapportait une réunion entre l'administration et des journalistes étrangers, le Vice Premier ministre Borys Kolesnikov parlait de Youchtchenko et de son équipe en des termes dignes du langage idéologique soviétique en les nommant "des bandits nationalistes" – et Kolesnikov est sensé faire partie de l'aile "pragmatique" du Parti des Régions !


* Déclare que l'administration n'a pas adopté de position dénonçant la famine.

L'administration Yanoukovych est non seulement opposée à l'utilisation du terme "le génocide" pour décrire l’Holodomor qui a tué des millions d'Ukrainiens dans les années 1932-33, mais a aussi adopté le point de vue russe d’après lequel la famine était un phénomène qui n'a pas été dirigé exclusivement contre l'Ukraine. Cette position sape non seulement le travail des trois derniers présidents (Leonid Kutchma fut le premier président Ukrainien à décrire la famine comme un génocide en 2003) mais va aussi à l’encontre des conclusions de presque trois décennies de travail effectué par la Diaspora ukrainienne et des Institutions académiques comme l'Université de Harvard.


* Les limitations récentes de la liberté des médias sont écartées par des comparaisons banales avec ce qui s’est produit sous Viktor Youchtchenko.

Deux erreurs – même si les comparaisons étaient justifiées (ce qui n’est pourtant pas le cas) – n’en font pas un droit. Un épisode malheureux en dix ans de carrière politique de Tymochenko n'a rien à voir avec une politique présidentielle systématique cherchant à introduire la censure, d'abord à Donetsk et maintenant en Ukraine. Comme l’a écrit Serhiy Lechtchenko, le correspondant d’Ukrayinska Pravda : ‘Une illustration éloquente de ce modèle optimal est la région de Donetsk où le Parti des Régions se situe à un niveau de popularité équivalent à celui de ‘Russie Unie’ [parti de Poutine qui possède une écrasante majorité à la Douma] et où les vues alternatives à celles des autorités sont marginalisées’. Où Tymoshenko contrôle-t-elle une région de l'Ukraine et cherche à imposer la censure ? Aucune ONG comme ‘Stop Censorship!’ (Non à la Censure !), fondée le 21 mai et dont la proclamation a été signée par plus de 300 journalistes, n’a vu le jour pendant l'ère Youchtchenko. Toute comparaison du courant cultivant la menace de censure en Ukraine avec celui de l'épisode par Tymochenko ne peut être prise au sérieux. Les deux gouvernements de Tymochenko n'ont jamais rêvé d'instituer la censure. Le clip vidéo de Tymoshenko quand elle a dit hors micro ‘Vse propalo’ a été montré sur chaque chaine de télévision. Au contraire, la plupart de celles-ci ont ignoré le clip de la couronne s'effondrant sur Yanukovych après que l’administration présidentielle a demandé de ne pas le montrer.


* Yanoukovytch est guidé par les pragmatiques du Parti des Régions.

On le répète régulièrement mais il comprend mal le Parti des Régions qui s’est développé à l’époque post-Kutchma comme un parti politique et idéologique qui parle au nom et prétend défendre les Slaves, russophones et néo-soviétiques, des régions de l’Est et du Sud. Le Parti des Régions est soutenu par un grand nombre d'électeurs ex-communistes, a formé à deux reprises une coalition avec les communistes et, au parlement de Crimée, s’est joint aux séparatistes nationalistes russes (le Parti Sojuz) et au bloc national-bolchevique de Vitrenko. L’identification russophile et soviétophile de la politique intérieure de Yanoukovytch est ce qui marque l’identité idéologique du Parti des Régions. L’élection de Yanoukovytch a modifié l’orientation politique de l'Ukraine à 180 degrés. De la tentative de Youchtchenko de construire une identité nationale basée sur la Galicie et de mener une politique étrangère uniquement pro-occidentale on est passé à celle d'aujourd'hui qui tente de construire une identité nationale sur le Donetsk et d’une politique étrangère uniquement pro-Russe.


* La croyance dans le réformisme potentiel du gouvernement de Mykola Azarov est démentie par la plupart des analyses.

Le gouvernement se compose d'anciens fonctionnaires de l'ère Kutchma, souvent discrédités, né vers la fin des années 1950 ou au début des années 1960. Ce qui signifie que leurs années de formation se sont passées pendant l’‘ère de stagnation’ de Leonid Brejnev. Le gouvernement est le premier sur dix-sept à ne pas compter une seule femme dont la place, selon Yanoukovytch, se trouve ‘dans la cuisine’ et non dans la politique. Le chef de l'opposition Yanoukovytch avait promis une 'équipe de professionnels’ et un programme de réforme mais il n’a réalisé ni l’un ni l’autre au cours de ses premiers 100 jours en fonction.


* Yanoukovych cherche "à maintenir un équilibre dans le rapport de l'Ukraine avec l'Europe, les Etats-Unis et la Russie."

Ceci pourrait faire croire à tort que Yanoukovytch est un "Kutchma-2". Kutchma était pragmatique et idéologiquement amorphe, disposé à équilibrer les intérêts de l’Ukraine tant en politique intérieure qu’extérieure. Mais dans l'ensemble Kutchma, avec son proche conseiller Volodymyr Horbulin, ont poursuivi une politique étrangère pro-occidentale tout azimut. Yanoukovytch est en fait l'alternative idéologique à la présidence d'Youchtchenko - pas le retour au pragmatisme de l’ère Kutchma. Les 100 premiers jours de la présidence d'Yanoukovytch l’ont montré poursuivant une politique étrangère uniquement orientée pro-russe. Ce n’est donc pas une nouvelle ère Kutchma 'équilibrée' en politique étrangère.


* Yanoukovych a "un bilan impressionnant" en affaires étrangères.

Les politiciens occidentaux et les analystes croient qu'il s’est retrouvé trop proche de la Russie et chaque analyse est extrêmement critique sur l’affaire "gaz bon marché"-Flotte de la Mer Noire pour la manière à la fois non démocratique et inconstitutionnelle par lequel l’accord lui-même a été adopté. Le lobby du gaz, et ses liens avec l’ancien intermédiaire opaque RosUkrEnergo, est sous le contrôle de l'administration présidentielle, du Service de Sécurité de l'Ukraine (SBU) et du Ministère des Affaires étrangères. En fait, RosUkrEnergo est en charge de la politique étrangère et de la politique de sécurité de l'Ukraine et, par conséquent, joue de son influence sur la manière dont elle perçoit que les intérêts nationaux ont peu d'affinité avec les valeurs européennes.


* Yanoukovych "fera bouger le pays dans le but d'une adhésion éventuelle à l'Union Européenne."

Pour que cela se produise il faudrait exiger de l'administration la poursuite d’une politique intérieure démocratique. L'ère Kutchma a montré que l'Ukraine ne peut pas s'intégrer dans l'Union Européenne si elle poursuit une politique intérieure eurasienne qui n’a aucun rapport avec les valeurs européennes, comme la censure des médias, l'utilisation du SBU contre l'opposition, les restrictions des droits démocratiques et d'autres politiques non démocratiques


* A l’opposé, le chef du Parti des Régions a promis trois choses qu'il n’a pas réalisées au cours de ses 100 premiers jours en fonction : les réformes, la stabilité et l'unité nationale. S'il les avait faite, Yanoukovytch aurait été l’objet de beaucoup moins de critique dans les pages des journaux d’opposition et d’ailleurs.

[suzanski]

...que dire de plus.

Mais bien sûr, ce genre d'article ne paraitra jamais dans les agences de presse russes; on préfèrera évoquer 'la résurrection des relations entre les deux peuples frères russes et ukrainiens'.