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RomanoV
Inscrit le: 26 Nov 2008 Messages: 248 Localisation: France
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Posté le: Jeu Mai 20, 2010 2:15 pm Sujet du message: Brève histoire de l'Ukraine |
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Histoire de l'Ukraine, confondue avec la Russie depuis le XVIIIème siècle
On identifie mal l’Ukraine, ancienne République de l’Union Soviétique, confondue avec la Russie depuis le XVIIIème siècle. Elle jouit pourtant d’une identité propre, comme le prouve son indépendance retrouvée en 1991
Principalement occupée par des peuples indo-européens depuis des millénaires, la partie orientale de l’Europe, alors dominée par les peuples slaves, subit les assauts des Huns, de races turco-mongoles, à partir du IVème siècle après J-C. Ils seront suivis par les Khazars, les Petchenègues et les Polovtses, autres tribus asiatiques turque par le sang.
Jusque-là livrée à la domination des nomades, la région connaît le premier État digne de ce nom avec l’émergence de la principauté de Kiev, au IXème siècle, sous l’autorité des pirates-marchands vikings (1), qui assuraient la liaison par les fleuves entre les pays nordiques et les empires musulmans. Le jeune État va s’étendre des Carpates jusqu’à la mer de Barents, débouchant sur l’Océan glacial arctique. Il se donne au christianisme, dans sa forme byzantine, dès 988, sous le règne de Vladimir.
A partir du XIIème siècle, cependant, l’État se désintègre petit à petit sous la pression des principautés avides d’indépendance. La première Russie, la « Rous’ de Kiev », s’effondre et, à partir de 1276, la principauté de Moscou s’identifie désormais à la Russie. Autour de son centre, Kiev, l’Ukraine va développer sa propre personnalité.
Plus exposés que les territoires de la Russie et de la Biélorussie actuelles, ceux qui entourent la capitale de l’Ukraine subissent de plein fouet la domination des Tatars Mongols aux XIIème et XIIIème siècles. Kiev est elle-même ravagée. Le foyer de civilisation slave et orthodoxe se replie alors à l’ouest, en Galicie, région qui tire son nom d’une ancienne occupation gauloise.
A partir du XIVème siècle, le territoire de la future Ukraine est l’enjeu de percées annexionnistes émanant du grand duché de Lituanie, qui va s’étendre jusqu’à la Mer noire, tandis que la Pologne prend le contrôle de la Galicie. Puis en 1385, l’union des couronnes polonaise et lituanienne, suscite le renforcement de la « polonisation » de l’ensemble de l’Ukraine.
Mais, entre 1500 et 1503, l’État moscovite s’empare de la région de Tchernigov. Pour un temps, l’Ukraine se voit partagée entre deux influences : à l’ouest la Pologne catholique qui permet l’installation de nombreuses communautés juives venues du nord, et à l’est la Russie moscovite. Cette double empreinte est encore visible aujourd’hui entre l’est, plus favorable à Moscou, et l’ouest, qui se veut proche de l’Occident européen.
Au XVIème siècle, les Cosaques, mi-bandits de grands chemins, mi-héros de légende, s’identifient à la nation ukrainienne, soutiennent les révoltes paysannes contre la Pologne et demandent la protection de Moscou. La Russie va alors annexer par étape tout le pays et tenter de réduire ses différences culturelles.
Résultat, en 1918, l’Ukraine s’allie à l’Allemagne. Si cette dernière est défaite, l’Union Soviétique ne soumettra le pays qu’en novembre 1920. La revanche est terrible : une fois repris le contrôle de l’Ukraine, en 1931 et 1933, Staline instrumentalise la famine pour punir la population. Au moins trois millions de personnes en meurent.
Aussi, en 1941, quand les Allemands entrent en Ukraine, ils sont d’abord reçus en libérateurs. Il faudra le racisme anti-slave des nazis pour retourner contre eux nombre d’Ukrainiens. Après la guerre, les Soviétiques devront néanmoins combattre les indépendantistes jusqu’en 1954.
Russes par l’histoire, le sang et la religion, les Ukrainiens se veulent aussi différents. Leur langue, proche mais non point semblable au russe des Moscovites, est le noeud gordien de ce paradoxe.
Jean Isnard
Note
(1) Cette vision de l’histoire est contestée par les Russes qui estiment le premier Etat kiévien purement slave. _________________ Pour que l'Ukraine intègre l'UE // Щоб Україна увійшла в ЄС |
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Paul
Inscrit le: 20 Jan 2007 Messages: 685 Localisation: frontière belgo-franco-lux
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Posté le: Jeu Mai 20, 2010 8:08 pm Sujet du message: Re: Brève histoire de l'Ukraine |
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Bonsoir RomanoV
Bon résumé, mais vous me permettrez d’apporter quelques observations qui ne sont en rien une critique de votre initiative. Il s’agit simplement de préciser ou de citer des points de vue différents de ceux qui y figurent.
RomanoV a écrit: | Histoire de l'Ukraine, confondue avec la Russie depuis le XVIIIème siècle
On identifie mal l’Ukraine, ancienne République de l’Union Soviétique, confondue avec la Russie depuis le XVIIIème siècle. Elle jouit pourtant d’une identité propre, comme le prouve son indépendance retrouvée en 1991
Principalement occupée par des peuples indo-européens depuis des millénaires, la partie orientale de l’Europe, alors dominée par les peuples slaves, subit les assauts des Huns, de races turco-mongoles, à partir du IVème siècle après J-C. Ils seront suivis par les Khazars, les Petchenègues et les Polovtses, autres tribus asiatiques turque par le sang.
Jusque-là livrée à la domination des nomades, la région connaît le premier État digne de ce nom avec l’émergence de la principauté de Kiev, au IXème siècle, sous l’autorité des pirates-marchands vikings (1), qui assuraient la liaison par les fleuves entre les pays nordiques et les empires musulmans. Le jeune État va s’étendre des Carpates jusqu’à la mer de Barents, débouchant sur l’Océan glacial arctique. Il se donne au christianisme, dans sa forme byzantine, dès 988, sous le règne de Vladimir.
[Ces Vikings, ou Varègues, étaient aussi des mercenaires. Ils formaient à un certain moment une part importante de la garde des empereurs de Constantinople. Selon la Chronique de Nestor, ils furent appelés par les Slaves orientaux, déjà divisés, pour mettre de l’ordre chez eux. Cette présentation fut prise au pied de la lettre par les historiens jusqu’au XIXe siècle. L’idée de « porteurs de la civilisation germanique » venant civiliser des Slaves arriérés et anarchistes flattait les historiens, surtout allemands. Cette théorie fut enseignée en Russie jusqu’en 1917. Après le coup d’Etat d’octobre, un retour de balancier fit que cette théorie fut niée et on attribua aux Slaves orientaux seuls la naissance de l’empire de la Rous’. Comme toujours, la vérité se trouve entre les deux. La présence des Varègues en Europe de l’Est est absolument certaine.
Ces Scandinaves ont donné la dynastie kiévienne et des chefs militaires, si on en juge par leurs noms. Igor est issu de Ingvaar ; Oleg de Helgi ; Olga de Helga ; Volodymyr de Valdemar, Valdamarr …. Mais ils n’ont pas créé la Rous’ ex nihilo : la chronique de Nestor montre des strates plus anciennes qui font remonter l'existence de la ville de Kyiv aux environs du VIe siècle lorsqu’elle parle de sa fondation par un personnage nommé Kyï.
Il ne faut donc ni diminuer ni exagérer le rôle des Varègues. Ceux-ci ont donné des princes talentueux et une partie des cadres, mais, sauf dans le domaine militaire, leur influence culturelle fut presque inexistante. La présence des Varègues fut également faible et leur assimilation rapide.
Dans la dynastie même, des noms slaves apparaissent dès le Xe siècle. Cependant, on remarque encore la venue de mercenaires Varègues dans les siècles suivants : p.ex. Iaroslav le Sage leur est redevable de son trône !]
A partir du XIIème siècle, cependant, l’État se désintègre petit à petit sous la pression des principautés avides d’indépendance. La première Russie, la « Rous’ de Kiev », s’effondre et, à partir de 1276, la principauté de Moscou s’identifie désormais à la Russie. Autour de son centre, Kiev, l’Ukraine va développer sa propre personnalité.
[La principauté de Moscou ne s’est pas identifiée à la Russie en 1276 … puisque la Russie n’existait pas encore. Il ne s’agissait au départ que d’une partie de la principauté de Vladimir-Souzdal. La principauté de Moscou gagna des territoires au cours du temps grâce au dévouement de ses princes à la cause mongole, en particulier dans la récolte des tributs qu’ils reversaient à la Horde d’Or et dans les combats menés contre ceux qui se révoltaient contre le joug mongole. Un de ses princes, Iouri, obtint du Khan le titre de grand-prince de Vladimir-Souzdal. Son fils, Ivan (1288-1340) parvint à rendre ce titre héréditaire grâce à une proche collaboration avec la Horde d’Or. Le Métropolite (Evêque) de Kyiv, dont le siège avait été déplacé à Vladimir en 1299, transféra sa résidence à Moscou en 1327, ce qui accrut le prestige de cette « nouvelle » grande-principauté, la Moscovie. Le Grand-Prince de Moscou, Ivan IV le Terrible, pris le titre de Tsar de Moscovie en 1547 ; Pierre le Grand ne pris le titre de Tsar de Russie qu’en 1721]
Plus exposés que les territoires de la Russie et de la Biélorussie actuelles, ceux qui entourent la capitale de l’Ukraine subissent de plein fouet la domination des Tatars Mongols aux XIIème et XIIIème siècles. Kiev est elle-même ravagée. Le foyer de civilisation slave et orthodoxe se replie alors à l’ouest, en Galicie, région qui tire son nom d’une ancienne occupation gauloise.
[Le nom de la Galicie ne dérive sans doute pas d’une possible occupation celte/gauloise de la région. Les noms identiques comme la Galice espagnole, la Galatie d’Asie Mineure ou la Gaule, ont tous été donné par des « étrangers », surtout des Romains. On ignore comment les Celtes s’appelaient entre eux ou désignaient leurs territoires. Le mot Celte est lui-même un nom donné par les Grecs tandis que Gaulois est d’origine latine.]
A partir du XIVème siècle, le territoire de la future Ukraine est l’enjeu de percées annexionnistes émanant du grand duché de Lituanie, qui va s’étendre jusqu’à la Mer noire, tandis que la Pologne prend le contrôle de la Galicie. Puis en 1385, l’union des couronnes polonaise et lituanienne, suscite le renforcement de la « polonisation » de l’ensemble de l’Ukraine.
Mais, entre 1500 et 1503, l’État moscovite s’empare de la région de Tchernigov. Pour un temps, l’Ukraine se voit partagée entre deux influences : à l’ouest la Pologne catholique qui permet l’installation de nombreuses communautés juives venues du nord, et à l’est la Russie moscovite. Cette double empreinte est encore visible aujourd’hui entre l’est, plus favorable à Moscou, et l’ouest, qui se veut proche de l’Occident européen.
[Cette affirmation sur l’origine de ces attitudes favorables ou non envers Moscou est discutable ! Ne pas oublier que l’Ukraine, sauf la terre de Halytchyna, a été « réunifiée » par annexion à l’Empire russe à la fin du XVIIIe siècle. On trouve des opposants à la mainmise russe sur les deux rives du Dnipro]
Au XVIème siècle, les Cosaques, mi-bandits de grands chemins, mi-héros de légende, s’identifient à la nation ukrainienne, soutiennent les révoltes paysannes contre la Pologne et demandent la protection de Moscou. La Russie va alors annexer par étape tout le pays et tenter de réduire ses différences culturelles.
[En fait de protection, le traité de Pereislav de 1654 est à l’origine d’un malentendu. Pour la Russie, il s’agit de la soumission de l’Ukraine à la Russie ; pour l’Ukraine, c’était la mise en place d’un Commonwealth, ou d’une union personnelle, dans lequel les deux pays se retrouvaient sur un plan d’égalité. Le tsar de Moscovie devenait tsar d’Ukraine tandis que l’Ukraine conservait son hetmanat et son autonomie non seulement dans les affaires intérieures mais aussi en matière de politique étrangère. On sait comment les Russes firent disparaître ces dispositions.
Etrangement, l’original du Traité de Pereïaslav a disparu !]
Résultat, en 1918, l’Ukraine s’allie à l’Allemagne. Si cette dernière est défaite, l’Union Soviétique ne soumettra le pays qu’en novembre 1920. La revanche est terrible : une fois repris le contrôle de l’Ukraine, en 1931 et 1933, Staline instrumentalise la famine pour punir la population. Au moins trois millions de personnes en meurent.
Aussi, en 1941, quand les Allemands entrent en Ukraine, ils sont d’abord reçus en libérateurs. Il faudra le racisme anti-slave des nazis pour retourner contre eux nombre d’Ukrainiens. Après la guerre, les Soviétiques devront néanmoins combattre les indépendantistes jusqu’en 1954.
[… et même jusqu’à l’indépendance si on prend en considération les nombreux groupes dissidents non-violent qui continuèrent à se manifester dans toute l’Ukraine malgré les risques bien réels de sanctions sévères.]
Russes par l’histoire, le sang et la religion, les Ukrainiens se veulent aussi différents. Leur langue, proche mais non point semblable au russe des Moscovites, est le noeud gordien de ce paradoxe.
[Ce sont des langues slaves et elles sont donc proches … mais à la même distance, par analogie, que l’italien l’est de l’espagnol !]
Jean Isnard
Note
(1) Cette vision de l’histoire est contestée par les Russes qui estiment le premier Etat kiévien purement slave. |
Voir : L'héritage de la Rous' (par Wolodymyr Kosyk, Docteur en Histoire)
http://www.ukraine-europe.org/ |
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