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[Paul]

Le vrai Yanoukovytch

http://www.themoscowtimes.com/opinion/article/the-real-yanukovych/406258.html

La visite du président Dmitry Medvedev en Ukraine cette semaine fait suite aux réunions hebdomadaires entre le gouvernement russe et la nouvelle direction de Kiev aussi bien au niveau présidentiel que du premier ministre qui se déroulent depuis l'élection du Président Ukrainien Viktor Yanukovych en février. La série de réunions au plus haut niveau ne semble pas confirmer l'intention initiale de l'Ukraine de mettre en place une politique étrangère équilibrée entre la Russie et l'Ouest.

Après des années de crises politiques et d'instabilité en Ukraine, l'Occident a accueilli Yanoukovytch avec un fort désir de croire à ses promesses d'apporter la stabilité et les réformes.

Moins de 100 jours après, les choses devraient maintenant être suffisamment claires pour les gouvernements occidentaux et pour les organisations internationales comme l'OTAN et l'Union Européenne. Il n’y a ni stabilité ni réformes qui figurent dans les projets ukrainiens et il y a cinq raisons pour cela :

1. L'espoir que les oligarques ukrainiens, qui ont financé la campagne électorale de Yanoukovytch, chercheraient à présent une légitimité comme s’il s’agissait d’hommes d’affaires nouveau-nés soucieux de réhabiliter leurs actes est un mythe. Les affaires et la politique ont été fermement liées pendant la présidence de Viktor Youchtchenko malgré ses promesses aux foules de Révolution Orange en 2004 et le cordon ombilical liant les oligarques et l'Etat est devenu encore plus serré depuis l'élection de Yanoukovytch. Les oligarques représentent une menace dangereuse pour la jeune et fragile démocratie ukrainienne comme on le voit dans les protestations croissantes des journalistes menacés par le retour de la censure dans les mass-médias, elles-mêmes propriété des oligarques. Des media libres et compétitifs étaient le legs le plus important hérité d’une révolution démocratique ukrainienne qui avait vu le jour il y a six ans.

2. L'Occident et Yanoukovytch comprennent la stabilité différemment. L'Ouest voit la stabilité comme le désir de réduire le conflit politique en poursuivant l'intégration nationale et la politique de consensus, alors que Yanoukovytch définit la stabilité comme le fait de monopoliser le pouvoir politique et économique. Une presse soumise, une société civile compréhensive et une opposition politique loyale au gouvernement représentent la stabilité pour les chefs ukrainiens actuels.

3. Le lobby du gaz a récupéré sa position de force dans le gouvernement. Des milliards de dollars ont été gagnés par le lobby du gaz ukrainien quand l'intermédiaire opaque RosUkrEnergo opérait entre 2004 et 2008. La corruption dans le secteur de l’énergie a réduit la confiance populaire dans les institutions publiques de l'Ukraine et a sapé la démocratie du pays. Les politiciens souillés par la corruption ont peu de légitimité populaire.

4. L'administration Yanoukovytch cherche à défaire le consensus national sur l’identité ukrainienne et européenne, façonnée par les trois présidents précédents, dans quelque chose ressemblant à l'Eurasianisme qui a émergé en Russie sous Vladimir Poutine au cours de ces dix dernières années. Cette redéfinition radicale de l'identité ukrainienne pourrait provoquer une réaction violente surtout chez les jeunes Ukrainiens pro-européens qui n'ont jamais connu l'Union soviétique.

Une « copie » de la Russie se doit de réhabiliter Staline et de minimiser ses crimes contre l'humanité. La dénégation de facto par Yanoukovytch de la famine de 1933 en Ukraine dans son discours au Conseil de l'Europe à Strasbourg, le même jour que la ratification par le Parlement du traité qui a étendu le bail à la Flotte Russe de Mer Noire, a versé de l’huile sur le feu. Imaginez un dirigeant israélien niant l'Holocauste et vous pouvez comprendre la réaction des Ukrainiens patriotes.

5. Le gouvernement du Premier ministre Nikolai Azarov n'a pas de plan pour mettre en place des réformes pénibles mais extrêmement nécessaires en Ukraine. Le gouvernement est formé d’une collection de bureaucrates d'hier issus de l'ère corrompue et néo-soviétique de l'ancien Président Leonid Kutchma. Ils pourraient rapidement faire dérailler les réformes économiques demandées par le FMI.

Dans les trois mois qui ont suivi l'inauguration de Yanoukovytch, le Kremlin a essayé de conclure autant d'affaires qu'il le pouvait avec le nouveau gouvernement ukrainien. Le nouveau bail pour la flotte de la Mer Noire et l'offre faite pour que Gazprom absorbe la compagnie publique ukrainienne Naftogaz figurent seulement au début de la liste d'achats dont nous voyons à présent les dernières annonces.

Les priorités occidentales qui se situent maintenant ailleurs dans le monde encouragent la Russie à tester les limites de tolérance nationale et internationale. La Russie sait exactement ce qu'elle veut de l'Ukraine, mais il semble que l'Occident a manqué de développer une stratégie claire pour un partenariat avec l'Ukraine.

Une nation de 46 millions d’habitants située au cœur de l'Europe a été laissée à la dérive et livrée à elle-même. La Révolution Orange fut une énorme opportunité manquée à la fois par l’Ukraine et par l'Ouest pour développer la démocratie et les marchés à la frange orientale de l'Europe.
A la suite de quoi, la Russie s'efforce de ne pas manquer la prochaine occasion en Ukraine.

[MYTROWYTCH]

Ce président de l' Ukraine élu à peine deux mois, ne fait
que préparer une nouvelle intégration de l' Ukraine à la
Russie.
Malheureusement si la société ukrainienne continue de
rester passive, cela va arriver car la Russie veut créer
un nouveau empire.