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Paul
Inscrit le: 20 Jan 2007 Messages: 685 Localisation: frontière belgo-franco-lux
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Posté le: Dim Juil 04, 2010 7:15 pm Sujet du message: Hanna HUTSOL : “Maintenant ils ne font plus de cadeaux.” |
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Le topless comme moyen de vaincre.
Hanna HUTSOL (leader du mouvement féministe FEMEN) : “Maintenant ils ne font plus de cadeaux.”
Interviewed by Olena YAKHNO, день/The Day : http://www.day.kiev.ua/300686/
Il y a quelque jours les filles du mouvement féministe Femen portant des couronnes et brandissant des posters où on pouvait lire “Liberté de protester” sont entrées de force sur le plateau du programme TV ‘Grande Politique’ avec Yevgeniy Kiselev. Elles protestaient ainsi contre le projet de loi n° 2450, qui traite de la liberté de réunion et de manifestation. Peu après la Verkhovna Rada annonçait que l’examen de ce projet de loi avait été suspendu. « Le Jour / день » a rencontré Hanna HUTSOL, la leader du mouvement féministe Femen. Évidemment, nous avons débuté notre entretien par le projet de loi n° 2450.
L’examen du projet de loi “Sur l'organisation et la tenue des assemblées pacifiques” a été remis jusqu'à la séance plénière suivante, au moins. Qu'est-ce qui vous a scandalisé dans ce projet de loi ?
Hanna : “Actuellement, beaucoup de mouvements sont contre ce projet de loi. De plus nous sommes un mouvement de la rue. Nous ne faisons pas de réunions ni n’assistons à des tables rondes.
“En même temps, la loi est généralement prévisible. Ils auront quatre jours pour faire interdire les actions par une cour de justice, donc ils obtiendront un contrôle total. Ils auront le temps de décider si les autorités vous apprécient ou pas, si vous aurez la possibilité de faire une action ou non. C'est une violation de l'Article 39 de la Constitution, qui donne le droit à chaque citoyen de protester et de manifester.
“J'ai souvent exprimé mon indignation pendant la présidence de Viktor Yuchtchenko, en disant qu'une chose ou une autre était mauvaise. Mais on apprend en faisant des comparaisons.
“Avant les élections on me posait souvent une question, ‘Réduiront-ils ou non la démocratie une fois que Yanukovytch sera vainqueur ?’ Je répondais, ‘Évidemment non. Tant de choses ont été faites dans cette voie, un si long chemin a été parcouru. Il ne peut pas défaire cela, il n'osera pas. Que dira l'Europe ?’ Apparemment, je me suis trompée. Vous pouvez voir ce qui se passe. Tout a été renversé en seulement trois mois.”
Sommes-nous en train de suivre le chemin russe ?
H: “Oui, et très nettement. Plus intéressant, l'Europe garde le silence pour l’une ou l’autre raison.”
Peut-être s’est-elle fatiguée de l'Ukraine pendant les cinq ans passés.
H: “Non, il me semble qu’elle est prête à fermer les yeux sur les attaques contre la démocratie pour garder le nouveau gouvernement dans la voie européenne et pour qu'il ne suive pas exclusivement le chemin pro-russe.”
Vous avez un blog sur « L'Écho de Moscou » et voyagez souvent en Russie. Quand projetez-vous d'aller de nouveau dans le nord-est ?
H: “Cette question est restée ouverte depuis février. C'était l’époque où des journalistes russes et des organisations civiques ont commencé à nous inviter. Nous avons quelques plans. Mais tout est très compliqué là-bas. Il y a les gens prêts à développer le mouvement féministe. Mais chacun comprend quelles sont les particularités du travail en Russie. C'est très dur, bien qu'il me semble que plus forte est la pression, plus grande est la récompense.”
Vous avez commencé par prendre un bain dans une fontaine, poursuivi par les protestations contre le "tourisme sexuel,” et maintenant vous êtes engagée dans la politique. Vous distancez-vous du thème du féminisme ?
H: “Je ne suis pas d’accord. On a tort de dire que les mouvements féministes ne s’occupent que des problèmes des femmes, par exemple celui du payement des pensions alimentaires. En fait, les femmes s'intéressent à toutes sortes de choses. La liberté des femmes est essentielle pour la démocratie.”
À ce moment nous avons été rejoints par un jeune homme, qui commence par nous écouter attentivement. Au cours de la conversation il apparait que c'est le militant Viktor Sviatsky de Femen.
Je peux voir, que votre mouvement inclut également des hommes.
H: “Les jeunes et jolies femmes attireront toujours des hommes.” (riant)
Qui sont typiquement vos membres ?
H: “Nous n'avons pas fait d'études sur ce sujet. Pour la plupart, celles-ci sont des étudiantes et peut-être de nouvelles venues. Il y en a qui sont arrivées dans la capitale pour recevoir une éducation, gagner un peu de succès, améliorer leur carrière, se marier également ...”
Conquérir la capitale avec l'aide “des seins nus” ?
H: “Aussi. Mais c'est seulement une manière, une méthode. On peut conquérir avec sa créativité, la compréhension des problèmes, ses aspirations et son enthousiasme. Tout est fondé sur l'enthousiasme, le désir de changer quelque chose, être impliqué dans le changement de tout ceci, pas seulement en restant à côté.”
Que pensent vos familles de vos activités ?
H: “Chaque fille est dans une situation différente. Ma famille ne comprend pas que je fais. Mais ils savent que si je fais quelque chose, c'est la chose juste à faire. Si je l'ai choisie, alors cela doit être ma voie. Mais ils ne comprennent pas pourquoi j'en ai besoin.”
Pourquoi en avez-vous besoin ?
H: “Parce que je m’en soucie. Ça peut sembler banal mais c'est vraiment ainsi. Je ne peux pas être auto-suffisante sans me réaliser moi-même, sans changer quelque chose. En fait je veux changer beaucoup dans la vie des femmes ukrainiennes, même si cela se réfère à une ou deux personnes seulement. Je crois que les filles qui travaillent avec nous ne seront jamais impliquées dans le tourisme sexuel. Elles ont subi des changements intérieurs. Le physiologique (manger – libérer sa nature) ne devrait pas être seulement présent dans la vie des gens mais aussi la possibilité de se réaliser eux-mêmes.
“Il y a les gens pour qui la tartine de pain beurré suffit pour vivre heureux, ils n'ont pas besoin de la démocratie. J'en ai eu une preuve avec un plombier qui est venu réparer un robinet dans mon appartement. Il est pleinement satisfait de Yanukovytch. Il n'a pas besoin de la démocratie. Je suis une personne différente.”
Comment évaluez-vous l'efficacité de vos actions. Les filles viennent, crient quelque chose et s’en vont. Que changent-t-elles ? Qu'avez-vous accompli ?
H: “D'abord, je suis sure que nous avons soulevé des questions qui n'avaient jamais été discutées auparavant. Tout le monde était au courant, mais gardait le silence, y compris sur le thème du tourisme sexuel qui est activement discuté maintenant. Même des projets de loi concernant ce sujet ont été élaborés. Mais nous avons réussi en mettant la pression sur les autorités.
“Nous travaillons dans la sphère des idées, nous les formons, ainsi les gens prêteront attention à ces problèmes. Par exemple, l’absence des femmes dans le gouvernement. La majorité des gens n'a pas remarqué ce problème.”
Pourquoi n'avez-vous pas tenu de rassemblements à la Verkhovna Rada le “mardi Noir”, 27 avril, quand les accords de Kharkiv ont été ratifiés ?
H: “Chacun y a été présent à sa propre manière. Et nous avons exprimé notre opinion et notre inquiétude. Nous sommes contre l'expansion de la Russie, nous voulons vivre dans une Ukraine européenne.”
Les seins nus sont votre spécialité principale. Mais nous avons une expression : une plaisanterie est amusante seulement quand elle est dite la première fois, mais quand elle est répétée pour la deuxième, troisième, quatrième fois … ce n'est plus amusant. Vous avez organisé de nombreuses manifestations topless. Vous n'avez pas le sentiment que les gens commencent à s’en fatiguer ?
H: “Ce n'est pas une plaisanterie, c'est la vie.”
VS: “Il suffit de changer d'intonation, et la plaisanterie sera amusante chaque fois qu'elle est dite. Il faut donc la dire au moment juste. La même plaisanterie peut être répétée à l'infinité. Mais nous ferons aussi d'autres choses.”
H: “Le topless est avant tout une forme de provocation et un pas décisif lorsque l'attention doit être attirée vivement, efficacement aussi rapidement que possible. C'est un topless révolutionnaire. Nous avons aussi des actions que nous appelons ‘des rondes.’ Celles-ci sont des adaptations de spectacles impliquant beaucoup de personnes en costumes. Nous avons tout cela. Je me souviens quand nous apparaissions en mini jupes, les gens disaient alors aussi que nous étions nues. En jugeant les réactions, personne ne s'ennuie encore de nos actions topless.”
Ma question suivante pourrait être plus intime. Qui vous finance ?
H : “Nos adaptations de spectacles ne sont pas chers. Nous faisons tout avec nos propres mains, cousons, trouvons l'étoffe. Les filles tirent les posters toutes seules. C'est ainsi que les choses devrait être. J'aime à répéter que je ne crois pas les employés d'une usine de cuisson de pain qui viennent avec un grand poster imprimé pour demander du pain.
“Quant à l'argent, nous avons un conseil de gardiens qui comprend des gens réputés et populaires, qui financent le mouvement. Ainsi nous suivons les principes américains. Ces gens apprécient ce que nous faisons et ils versent de l'argent pour notre cause. Le propriétaire de Kupidon est parmi eux. Notre siège social se trouve ici. Il nous a donné un abri.”
Comment la police réagit-elle à votre activité ?
H: “La réaction varie. Ils étaient habituellement bons auparavant. Ils souriaient en disant ‘Vous êtes de jolies filles, bien faites.’ Si nous étions détenues, tout se passait en paix, ils nous ont même donné du thé. Malheureusement, rien de cela n'est resté. Aujourd'hui un maximum d'agents de police est présent à nos rassemblements. Nous étions censées tenir une protestation de 'seaux bleus’ [NB : il s’agit d’attacher des seaux bleus sur le toit de voitures particulières pour se moquer des voitures officielles – surtout russes - qui se déplacent avec des feux clignotant bleus sur le toit et ne respectent aucun feux de signalisation – à la rigueur, les piétons mettent ces seaux sur leur tête !] près de l'Ambassade russe et un bus complet de bagarreurs Berkut [NB : unité spéciale de la milice destiniées aux interventions rapides - équivalent des OMON russes] nous attendait là. Trois filles ont été désignées et 20 bagarreurs sont venus. Plus tard nous avons appris que les fonctionnaires de l'ambassade ont appelé le poste de police Solomenka et ont demandé, ‘Les gars, s'il vous plaît, ne leur permettez pas d'arriver près des murs de notre bâtiment. ’Ils n'ont pas permis aux filles de s'approcher de l'ambassade, ont repoussé la presse et nous ont embarqué dans la voiture d’une manière très brutale. Nous avons été accusées de provoquer du désordre. Ils ont commencé à se conduire brutalement.
“Pourtant, selon la loi, la police devrait être présente aux manifestations pour nous défendre. Mais maintenant ils font l'opposé.”
Cela ne vous fait pas perdre courage ? Ou cela renforce-t-il votre volonté ?
H: “Je vous l’ai dit, plus forte la pression, plus grande la récompense. Nous avons tenu une protestation près de l’immeuble des ministères. Vingt filles y ont pris part, encerclées par 50 policiers. Nous nous sommes beaucoup amusées, on s'est même poussées les unes les autres. Les filles se disaient, ‘S'ils ne nous font pas entrer, nous devrons forcer le chemin.’
“Évidemment, il y a des moments où nous perdons courage, mais nous devons faire quelque chose. Autrement, quel sens y a-t-il à faire ces choses ? Les temps difficiles permettent de vous tester vous-mêmes ainsi que les autres gens. Nous devenons adultes, nous nous développons. Nous travaillons avec les avocats qui nous défendent.”
D'autre part, les nouvelles autorités vous donnent beaucoup de raisons de protester. Selon vous, quelle est l’action que vous avez menées qui a eu le plus de succès ? Quelle est l’action dont vous êtes la plus satisfaite ?
H: “J’ai été la plus satisfaite quand nous sommes entrées de force dans le bureau où Yanukovytch a voté. Il faisait froid et c'était notre première action topless. Nous avons estimé que nous devrions venir plus tôt, parce que si nous étions venues au même moment que Yanukovytch, ses gardes nous auraient cassé bras et jambes. Nous avons fait irruption à un moment idéal et avons attiré l’attention de tous. Nous avons fait des photos et des vidéos. Après cela nous nous sommes entrées en contact avec la Russie pour la première fois, avons ouvert un blog à « L'Écho de Moscou » et nous nous trouvons maintenant à un niveau complètement différent.”
Si je ne me trompe pas, votre première action était en rapport avec la décision de couper l’eau chaude à Kyiv. Vous vous êtes baignées dans une fontaine pour marquer votre protestation.
H: “Ca s’est produit il y a deux ans. L'année dernière, nous y avons lavé nos vêtements. Maintenant il est interdit de s’y baigner. Vous risquez d’être arrêté. Dans le passé nous aurions pu nous baigner, rire sottement et nous en tirer. Maintenant nous devons veiller à la sécurité des filles. Il est devenu difficile d'arranger des bains de mer de masse, bien que nous le souhaitions. C'est devenu déjà une tradition annuelle pour nous. C'est dommage de ne pas pouvoir se baigner.” |
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Mme Pimousse
Inscrit le: 10 Jan 2007 Messages: 1930 Localisation: Limay
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Posté le: Lun Juil 05, 2010 11:19 am Sujet du message: |
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le mouvement Femen est un mouvement avec un financement obscure.
parfois il lutte contre les fausses cibles (comme par exemple leur action contre les examens dans les universités que les étudiantes peuvent passer que par le lit du prof - c'est ridicule de lutter contre ça. c'était plutôt une action pour attirer les jeunes filles dans leurs rangs, puisqu'il y a toujours des légendes sur ça. en pratique, non seulement c'est pas répandu, mais les étudiantes, les filles normalement cultivées et informées ont toute possibilité de lutter contre tout harcèlement.)
leurs actions étant plus spectaculaires d'un part luttent contre l'exploitation des femmes si on juge les paroles, mais si on juge leur moyen d'action - exploitation d"un corps féminin, on voit qu'elles (ou ils) ne sont pas féministes.
je pense, p-ê me trompe-je, que les filles qui s'exhibent se font utiliser par d'autres, femmes, mais plutôt hommes... |
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Mme Pimousse
Inscrit le: 10 Jan 2007 Messages: 1930 Localisation: Limay
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