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HISTOIRE DE LA DISSIDENCE EN UKRAINE (1954-1987)

 
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Paul



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MessagePosté le: Ven Avr 13, 2007 9:36 pm    Sujet du message: HISTOIRE DE LA DISSIDENCE EN UKRAINE (1954-1987) Répondre en citant

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HISTOIRE DE LA DISSIDENCE EN UKRAINE (1954-1987)
(traduction de la version anglaise)

de Evhen Zakharov (Евгений Захаров) du “Kharkiv Human Rights Protection Group”

Version anglaise : http://http://khpg.org/archive/en/index.php?id=1127288239

L’histoire de l’Ukraine au XXe siècle pourrait être décrite comme celle d’un mouvement de libération national. Chaque fois que celui-ci semblait être écrasé sans pitié, il renaissait encore, comme le phoenix de ses cendres, et gagnait de nouvelles forces.

La paysannerie ukrainienne résista farouchement à la collectivisation, ce qui eut pour conséquence la déportation en masse d’Ukrainiens vers les régions orientales de l’URSS en 1931, et plus tard la Famine provoquée de 1932-1932 qui faucha environ 8 millions de vies. Le régime de Staline annihilait également sans pitié l’intelligentsia nationale. Une politique effrénée de russification fut menée dans le but d’éradiquer jusqu’au sentiment de l’identité ukrainienne.

L’annexion de l’Ukraine occidentale, laquelle avait été, avant la Première Guerre Mondiale, divisée entre les empires austro-hongrois et russe, puis qui avait fait partie dans l’entre-deux-guerres de trois Etats : Pologne, Tchécoslovaquie et Roumanie, donna une nouvelle impulsion au mouvement de libération ukrainien. La population de ces territoires était animée par l’esprit national et était préparée à tous les sacrifices pour créer un Etat ukrainien indépendant. C’est pour cette raison que la résistance contre le fascisme et le communisme dura si longtemps. Une grande organisation de masse – l’Organisation des Ukrainiens nationalistes (OUN) – mena le combat d’abord contre l’Allemagne nazie puis contre le communisme. Son bras armé, l’Armée de la Résistance Ukrainienne (UPA) combattit les Allemands pendant deux ans puis les Soviets pendant six autres années. Sans aucune aide de l’étranger, elle continua son combat jusqu’au milieu des années 1950.

Les historiens soviétiques dépeignent les combattants de l’UPA comme des bandits volant et tuant femmes, enfants et vieillards et poursuivant les Juifs et les Polonais dans des pogroms. Il est à présent clair qu’une telle vision est très orientée. Une réévaluation par le Bureau du Procureur de l’Ukraine du cas des anciens combattants de l’UPA a montré que l’écrasante majorité n’était évidemment pas des bandits.
Cependant, on a mis en lumière de nombreux cas de membres du NKVD déguisés en combattants de l’UPA et ayant perpétrés des massacres de civils innocents.
Les mesures répressives contre l’UPA furent brutales : des centaines de milliers furent envoyés dans les camps avec une peine standard de 25 ans. Les habitants de villages entiers de l’Ukraine occidentale furent déportés pour «complicité avec l’UPA» (plus de deux millions).

En dépit de cette répression sauvage, le mouvement nationaliste des années cinquante et soixante fut une des caractéristiques de l’Ukraine occidentale. Beaucoup d’organisations clandestines découvertes entre 1958 et 1969 y étaient actives et avaient une doctrine nationaliste calquée sur celle de l’OUN. Toutefois, on trouvait aussi des organisations qui rejetaient la lutte armée, préférant des méthodes non violentes comme, par exemple, l’Union des Ouvriers et Paysans Ukrainiens (1961), et d’autres. C’est au début des années 1950 que naquit l’idée de la lutte non-violente contre le régime soviétique. Un mouvement qui peut être vu comme une combinaison de mouvements nationalistes (les plus répandus), religieux et civiques.

La première période de la dissidence, qui se situe entre les années 1954 et 1962, fut marquée par la plus forte vague de répressions politiques de l’ère post-stalinienne. De source du KGB, de 1954 à 1959, 183 groupes “nationalistes et anti-soviétiques” furent éliminés. Il y eut 1879 personnes détenues, y compris 46 groupes (245 personnes) parmi l’intelligentsia et la jeunesse.

A la fin des années 1950, une nouvelle ère débuta pour le mouvement de libération national, lequel devint connu comme les Chestydesyatnyky (les activistes des années 60). Il était formé de jeunes gens encouragés par le “Dégel” de Khrouchtchev : poètes, artistes, historiens, journalistes. Le thème fondamental était le combat contre la russification et la restauration de la culture nationale. Ce mouvement, centré à Kyiv, déborda sur toute l’Ukraine. Les activistes des années 60 étaient aussi soutenus par une partie de la nomenklatura et c’est peut-être pourquoi, avant 1965, leur action ne rencontra pas d’opposition marquée. Plusieurs de ses participants purent poursuivre leur carrière avec succès.

Les Chestydesyatnyky n’envisageaient pas la sécession de l’Ukraine, ils espéraient achever la libéralisation du régime et trouver une solution au problème national dans le cadre de l’URSS. Une fois le “Dégel” terminé, quelques activistes coopérèrent avec les communistes tandis que d’autres se retrouvaient dans l’opposition. Quand, de 1963 à 1965, les Chestydesyatnyk cessèrent de paraître dans les journaux et revues et la publication de leurs livres fut suspendue, leurs travaux furent alors imprimés en Pologne en langue ukrainienne (les journaux “Nache slovo" [“Nos paroles"], “Ukrainsky kalendar" [“Almanach ukrainien"], en Tchécoslovaquie (le journal 'Dukla', 'Drujno vpered' ['En avant ensemble'] et 'Narodny kalendar' [‘L’almanach du peuple']) et en Occident. Des samizdats commencèrent à circuler. Initialement, les samizdats étaient un phénomène purement littéraire, principalement à base de poésie.

Toutefois, de 1963 à 1965, les samizdats devinrent rapidement plus politisés avec l’apparition de journalistes écrivant souvent sous couvert d’anonymat. Dans la seconde moitié des années 1960, il devint courant de voir des journalistes qui écrivaient ouvertement des articles et des lettres de protestations contre la répression. Les samizdats devinrent effectivement la caractéristique du mouvement des 60, le moyen de conforter l’intelligentsia non-conformiste. Les samizdats ukrainiens se sont concentrés principalement sur les aspects politiques, historiques et culturels de la question nationale. Pour cette raison, la majorité des samizdats restait accessible seulement aux lecteurs qui connaissaient l’ukrainien. Il y avait peu de journalistes écrivant sur des thèmes socio-économiques et peu de travaux philosophiques. Néanmoins, c’était spécifiquement via les samizdats que les articles des écrivains les plus doués atteignirent une large audience. Les auteurs les plus fameux étaient Ivan Dziuba, Yevhen Sverstyuk, Ivan Svitlytchny, Leonid Plyuchtch, Valentin Moroz et Viacheslav Chornovil.

Le mouvement des années 60 (Chestydesyatnyky) n’était pas monolithique. On peut trouver dans les samizdats les racines des principales tendances politiques de l’Ukraine contemporaine. Dans son ensemble, le mouvement des années 60 peut être divisé en Chestydesyatnyky « culturel », celui qui se transforma en mouvement littéraire et artistique, lequel était incapable d’accepter le régime et en opposition morale contre celui-ci, et le Chestydesyatnyky “politique” qui depuis le début avait ses propres buts et exigences politiques.

Un des plus célèbre exemple de samizdat du milieu des 60 fut un pamphlet anonyme “Le procès de Pogruzhalsky”, écrit en fait par Yevhen Sverstyuk et Ivan Svitlytchny, et basé sur le terrible incendie de la Bibliothèque Centrale Scientifique de Kyiv du 24 mai 1964 qui provoqua le destruction d’un nombre important de documents d’archives et de livres de valeur inestimable. L’article remettait en question la version officielle sur la manière dont l’incendie avait été provoqué et proclamait que c’était une action de plus visant à réduire le peuple ukrainien : « Ayant fait mourir de faim des millions d’Ukrainiens en 1933, écrasé le moindre sursaut de l’idée d’indépendance, nous avoir transformé en esclaves obéissant … Nous ne devrions pas nous tromper nous-même avec quelques vérités éternelles sur l’immortalité de la nation, car sa vie dépend directement de notre volonté de la défendre nous-même ».

La figure centrale du mouvement était un poète et critique kiévien, Ivan Svitlychny, « le soleil moustachu”, comme il était affectueusement appelé par Vasyl Stus. Svitlychny faisait le lien entre les dissidents de Kyiv et de Lviv. Il fut le premier à établir des contacts avec les Ukrainiens de la Diaspora, lesquels lui fournirent de la littérature publiée à l’Ouest et il la fit connaître en Ukraine. Il fit beaucoup pour la diffusion des samizdats et publia lui-même plusieurs articles. Il était un leader moral incontesté du mouvement.

L’oeuvre la mieux connue, parue en samizdat, de la seconde moitié des 60 fut le livre de Ivan Dziuba “Internationalisme ou Russification”, lequel devint le manifeste des Chestydesyatnyky. Ce livre obtint un grand succès, avec des milliers de copies distribuées dans toute l’Ukraine et des traductions faites dans toutes les langues européennes ; il fut hautement estimé par plusieurs groupes à l’étranger. Sans rejeter ouvertement l’idéologie soviétique, Dziuba donnait des arguments convainquant contre la position officielle du problème des nationalités, en particulier le concept rigide de la politique du parti envers la question nationale, de l’égalité des Russes et des Ukrainiens en Ukraine, aussi bien que la fusion future des nations sous le communisme. Les passages les plus marquants du livre étaient ceux consacrés à la russification et à ses conséquences sociales et psychologiques destructrices sur le peuple ukrainien.

Il est intéressant de remarquer que le livre fut lut par une partie de la nomenklatura d’orientation nationale. Pyotr Chelest, le Premier Secrétaire du Comité Central du Parti Communiste d’Ukraine était connu pour avoir lu le manuscrit de Dziuba, l’avoir recopié et distribué à des officiels de haut rang du parti.

Les samizdats russes étaient aussi distribués en Ukraine, principalement par Leonid Plyuchtch qui recopiait les oeuvres sorties clandestinement de Moscou vers Kyiv. Plyuchtch organisait aussi les traductions des meilleurs travaux des samizdats ukrainiens en russe de manière à les faire parvenir à Moscou et à l’étranger. C’est ainsi que l’‘Internationalisme ou russification’ de Dziuba, "Lykho z rozumu" (publié à l’étranger comme les Journaux de Chornovil) par Viatcheslav Chornovil et d’autres œuvres devinrent connus. Plyuchtch fut aussi le correspondant ukrainien des “Khronika tekuchtchykh sobytiy” (Chronique des Evènements Actuels)

Les pressions idéologiques et administratives sur les Chestydesyatnyky furent inefficaces, et donc les autorités recoururent à la répression. La première vague survint en août et septembre 1965. Plus de 20 personnes, toutes celles qui étaient plus ou moins impliquées dans le mouvement, furent arrêtées. Sept d’entre elles provenaient de Kyiv, dont Ivan Svitlytchny, la figure dominante, qui fut libéré après huit mois “pour manque de preuves”. Le charme personnel de Svitlytchny et sa stature étaient incontestables, et les protestations furent si nombreuses après son arrestation que les autorités n’étaient pas préparées à les affronter. Quelques uns avaient le sentiment que des ordres étaient venus de Moscou, mais à contrecoeur.

Vers la fin des années 60, l’attitude envers les Chestydesyatnyky était, d’après les critères de l’époque, moins sévères que celle envers les dissidents russes. On le vit, en particulier, dans le fait que les autorités toléraient la tradition qui voulait qu’on dépose des fleurs le 22 mai devant le monument à Taras Chevtchenko dans plusieurs villes d’Ukraine, tout en imposant elles-mêmes des restrictions et en menaçant les participants. A Kyiv, cette journée attirait plusieurs centaines de personnes qui chantaient et lisaient des poèmes. En 1967, les autorités tentèrent d’interdire cette manifestation, mais rencontrèrent une forte opposition de la part des personnes présentes et renoncèrent. Pendant ces années, seuls ceux qui avaient gagnés une célébrité internationale furent directement persécutés, par exemple Viacheslav Tchornovil dont le livre "Lykho z rozumu" sur les répressions de 1965 avait été publié à l’Ouest. Mais de même que dans le cas d’Ivan Dziuba, les autorités se limitèrent à des pressions administratives.

La même chose se produisit pour ceux qui s’élevaient d’une manière intransigeante contre le régime soviétique : les membres du Front National Ukrainien – UNF, dont les leaders furent arrêtés et condamnés pour trahison en 1967, d’autres organisations nationalistes clandestines et, un peu plus tard, Valentyn Moroz.

Il est intéressant de constater pendant ces années que la relative modération envers le mouvement national ne s’appliquait pas aux participants de celui pour les droits de l’homme qui était généralement de tendance démocratique. Par exemple, en 1969, quatre activistes de Kharkiv furent arrêtés pour avoir signé la lettre des Nations Unies à l’initiative du Groupe pour la Défense des Droits de l’Homme en URSS bien que Moscou ait conseillé de s’abstenir de toute arrestation.

Les plus sévères répressions survinrent dans les années 1969-1970 avec l’arrestation et le procès de Valentyn Moroz, Mykola Horbal et Anatoly Lupinos. Ceci était du au durcissement du régime après l’écrasement du “Printemps de Prague” en août 1968 et au fait que le mouvement des Chestydesyatnyky était devenu plus organisé. En janvier 1970, un périodique paru en samizdat – le bulletin anonyme d’information “Ukrainsky visnyk" [“Ukrainian Herald"]. Son fondateur et éditeur était en fait Viatcheslav Tchornovil. Les six premières éditions parurent entre 1970 et 1972 (dont quatre expédiée clandestinement à l’étranger) puis, entre 1973 et 1975, les septième, huitième et neuvième furent préparées, de l’aveu général, par différents éditeurs). La publication du “Ukrainsky visnyk" reprit en 1987 et continua jusqu’en 1990.

Le “Ukainian Herald” s’inspirait de la ‘Chronique des Evènements Actuels’ d’origine russe. On y trouvait une information régulière et systématique sur le mouvement, les répressions et les opinions des prisonniers politiques. À en juger d’après le nombre de parties des « Chroniques », le bulletin avait des correspondants dans plus de 10 centres régionaux en Ukraine. Le ‘Herald’ publiait des œuvres distribuées en samizdat : des essais sur l’Histoire ukrainienne, des informations sur le génocide ukrainien – Holomodor, des critiques littéraires, de la prose et de la poésie. Il est intéressant de noter que Svitlytchny et d’autres Shestydesyatnyky s’élevaient contre la publication d’un périodique, prévoyant que cela intensifierait les mesures répressives.

En 1971, les autorités décidèrent d’en finir avec les samizdats. L’année 1972 débuta par de nombreuses arrestations, celle-ci s’accompagnant de poursuites en masse et des gens furent congédiées. Des milliers d’Ukrainiens à la libre pensée perdirent leur travail. La purge toucha, non seulement les travailleurs des institutions culturelles et de recherche, mais aussi l’intelligentsia rurale ainsi que le Parti et les conseils municipaux ‘officiels’. En secret, comme ouvertement, la surveillance se fit à grande échelle avec des lettres interceptées et des écoutes téléphoniques. En même temps, une nouvelle vague de mesures visaient à relancer la russification. Ceci fut la plus grande campagne visant à l’élimination de l’idée d’identité nationale ukrainienne.

Dans la période suivante, l’Ukraine devint le terrain d’essai des nouvelles méthodes du KGB pour l’élimination des dissidents. Étrangement, et restés inexplicables jusqu’à ce jour, des meurtres furent commis (Alla Horska, Volodymyr Ivasyuk, Nikolai Zvarytch), et la méthode consistant à placer de la drogue pendant les perquisitions fut appliquée pour la première fois. La fabrication de casiers judiciaires fut aussi mise au point, avec des charges impliquant le viol, le hooliganisme, l’entrave au fonctionnement de la justice, la possession de drogues illégales, etc. Ce fut en Ukraine que ces mesures répressives furent particulièrement brutales. L’Ukraine détenait un triste record en plusieurs domaine : la première femme à être condamnée aux camps de travail pour participation au mouvement d’Helsinski (Olha Heiko), la première application de l’article 62 du Code Criminel (agitation et propagande anti-soviétique) pour une femme âgée (Oksana Metchko – 75 ans), la première condamnation d’une femme (Raisa Rudenko) qui avait tenté d’obtenir la libération de son mari, un prisonnier politique. C’était en Ukraine que des arrestations répétées touchèrent des membres du Groupe Ukrainien d’Helsinski (UHG). C’était là aussi que la répression hors les tribunaux fut la plus largement utilisée.

L’UHG fut créé en 1976 et a existé jusqu’en 1981 quand tous ses membres furent emprisonnés. Toute personne qui avait rejoint l’UHG fut arrêtée et accusée de toutes sortes de charges criminelles, inculpée sous l’article 62 du CC de l’URSS. Vasyl Ovsiyenko a calculé que sur 41 membres de l’UHG, 39 reçurent un total de 550 ans de prison, camps de travail, exil ou hôpital psychiatrique. Quatre moururent en captivité : Oleksa Tykhy, Yury Lytvyn, Valery Martchenko et Vasyl Stus. Mykhailo Melnyk se suicida après que son œuvre monumental sur l’histoire ukrainienne fut confisqué en prélude à une arrestation inévitable.

La troisième période du mouvement dissident, l’étape Helsinki, marqua la transformation du mouvement nationaliste en mouvement visant à la défense des Droits de l’Homme. L’idée des Droits de l’Homme n’était pas étrangère à l’intelligentsia ukrainienne non-conformiste. Il était évident que l’activisme politique devait adopter le langage et les idées propres à la protection des Droits de l’Homme, compréhensibles en Occident, de manière à attirer plus d’attention et de compréhension sur les buts nationaux ukrainiens. L’UHG se focalisa sur la violation des droits nationaux. Au contraire des autres Groupes d’Helsinski, il ne réagit pas aux persécutions religieuses ni ne lutta pour des droits socio-économiques. Leur charte, comme 30 autres documents, sont tous consacrés à divers aspects des buts nationaux.

Dans la première moitié des années 1980, le mouvement national ukrainien, à de rares exceptions, ne se faisait pas remarquer et existait majoritairement sous la forme d’organisations clandestines. Le nombre de tracts anonymes anti-soviétiques augmentait. Cette période a vu l’intensification des incarcérations dans les hôpitaux psychiatriques. Il faudra noter que si le mouvement des dissidents parmi ceux encore en liberté après le “Pogrom Général” de 1972 était peu visible, il y a avait dans les camps de travail assez bien de prisonniers politiques ukrainiens qui luttaient contre les autorités responsables de leur captivité. Ils rédigeaient constamment des pétitions collectives ou individuelles et des déclarations en faveur de leurs droits. Des chroniques étaient rédigées qui décrivaient les camps de travail. Ces documents, produits secrètement par les prisonniers politiques, furent passés en fraude hors des camps par les épouses et autres parents, et envoyés à l’étranger. Les protestations qui furent dévoilées en Occident améliorèrent la position des prisonniers. Un des moyens les plus efficaces de lutte était la grève de la faim, souvent collective. A partir de 1969, les grèves de la faim devinrent traditionnelles le 10 décembre (Journée des Droits de l’Homme) ; à partir de 1972, le 5 septembre (anniversaire de la signature en 1918 du décret instituant la terreur rouge ainsi que la création des camps pour prisonniers politiques) ; à partir de 1974, le 12 janvier (jour du prisonnier politique ukrainien) et le 30 octobre (jour du prisonnier politique soviétique).

Géographiquement, le mouvement nationaliste s’étendait sur toute l’Ukraine (par exemple, en 1972, il y eut un nombre approximativement égal d’arrestations en Ukraine occidentale ou orientale), bien que le nombre de dissidents fut plus grand en Ukraine occidentale et à Kyiv. On peut dire qu’en Ukraine occidentale, le mouvement de dissidence fut le fait principalement de groupes religieux ou de libération nationale. Tandis qu’en Ukraine orientale les éléments nationaux et religieux allaient de pair avec les Droits de l’Homme. La défense des Droits de l’Homme, sans mettre l’accent sur des objectifs nationaux, était plus évidente dans les grandes villes de l’Est et du Sud de l’Ukraine - Kharkiv, Odessa, Tchernivtsi, Luhansk, Zaporijye, Donetsk - et ces mouvements étaient très similaires aux mouvements pour les Droits de l’Homme en Russie. En même temps, dans la seconde moitié des années 1970, les activistes non-Ukrainiens pour les Droits de l’Homme commencèrent à se rapprocher des mouvements nationaux de la seconde génération. Ceci fut particulièrement évident dans les camps de travail. En général, il y avait beaucoup de choses en commun entre la dissidence ukrainienne «culturellement orientés » et les activistes Russes pour les Droits de l’Homme. Les deux mouvements se composaient principalement de membres de l’intelligentsia, ils utilisaient des arguments, des exigences et des formes d’expression similaires. Ils avaient appris à se connaître les uns les autres dans les camps de Mordovie pour prisonniers politiques, où les Ukrainiens arrêtés en 1965 purgeaient leur peine aux côté de Sinyavsky et Daniel, plus tard Ginsburg et Galanskov.

La route de l’Ukraine vers la Mordovie passait par Moscou, et des parents de prisonniers ukrainiens séjournaient dans les demeures des dissidents de Moscou, d’après des notes pour les ‘Chronique des Evènements Actuels’ et des informations envoyées à l’étranger. Ce furent les Chestydesyatnyky qui s’impliquèrent dans la campagne de soutien à Ginsburg et Galanskov tandis que les représentants d’autres républiques n’y prenaient pas part. Le Groupe Ukrainien d’Helsinki était aussi étroitement lié avec le Groupe de Moscou et fut créé à son exemple, profita de son expérience et y eut son propre représentant, le Général Petro Grigorenko.

Les prisonniers politiques ukrainiens prirent part aux appels collectifs de réflexion sur les exigences démocratiques, beaucoup participèrent à plusieurs actions collectives dans les camps de travail.

Aussi loin que l’on regarde les mouvements religieux, il y a un trait particulier à l’Ukraine, à savoir la présence de l’Eglise Ukrainienne Gréco-Catholique (initialement à l’Ouest), ainsi que celle de l’Eglise Orthodoxe Ukrainienne Autocéphale (principalement à l’Est). Les croyants appartenant à ces Eglises furent sévèrement persécutés, les autorités refusant de les reconnaître. La persécution des autres Eglises et religions fut la même qu’ailleurs en URSS.

En 1987-1988, les dissidents ukrainiens quittèrent les camps ou l’exil et commencèrent à jouer un rôle en politique. Tous les nouveaux partis politiques qui avaient des orientations nationales et démocratiques reçurent d’anciens dissidents qui prirent une place centrale et devinrent souvent leurs leaders.

Entre 1987 et 1988, le mouvement de dissidence toucha à sa fin, et une nouvelle étape dans le mouvement de libération national commença, caractérisée par une participation beaucoup plus étroite de la population et l’ouverture d’une opposition politique, aboutissant finalement à la création de l’Etat ukrainien indépendant.
……………………
[Avec toutes mes excuses pour les faiblesses de cette traduction.]

……………………

BIOGRAPHIES DE QUELQUES DISSIDENTS ET BREF DESCRIPTIF DE LEURS ORGANISATIONS :

Ces biographies sont nécessairement fortement résumées. Et tous les dissidents n’y figurent pas. Mais beaucoup de ceux dont il est question, toujours en vie à l’heure actuelle, payèrent leur action pour la liberté et l’indépendance de l’Ukraine par l’enfermement dans les camps du Goulag, la prison et l’exil.

Combien sont toujours connus et qui s’intéresse encore à eux de nos jours ?

Version ukrainienne : http://khpg.org/archive/index.php?r=1

Version anglaise : http://khpg.org/archive/en/index.php?r=15

Organisations clandestines - version ukrainienne : http://khpg.org/archive/index.php?r=2

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